INSOLITE : NOS COMPATRIOTES EN TUNISIE (de 1880 à 1950)

Publié le par pays.de.najac.over-blog.com

 

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Dans deux articles signés de P. Moly (originaire de Lunac), "La Revue du Rouergue" dans ses éditions du troisième trimestre 1967 et du premier trimestre 1968 (numéros 84 et 85), brosse un portrait des "Aveyronnais en Tunisie" à la fin du 19ème siècle.

Il y évoque le sort de migrants venus de notre canton.

Parmi les premiers arrivés, selon l'auteur, figurent les Trézières.

"Ils étaient deux frères : Zéphyrin et Mathurin, et plus tard trois avec Théophile, et ils venaient de La Fouillade. Zéphyrin, ex-élève des Frères,  avait son brevet. On les trouve d'abord à Bizerte, chez le Dr Jacob, l'un comme cocher, l'autre comme valet de chambre. Là Zéphyrin épousa une jeune landaise, brevetée, elle aussi, et tous deux entrèrent dans l'enseignement où ils firent une belle carrière, elle comme directrice d'école, lui comme chef des Bâtiments à la Direction de l'Instruction Publique.

Mathurin s'occupa d'agriculture et d'industrie... Trézières (avec d'autres) arrivés entre 1890 et 1905, allaient être parmi les créateurs de l'enseignement primaire, et, plus tard, les éminents représentants de leur profession."

En outre, parmi ces pionniers rouergats il y avait Coursières et Gineste de Sanvensa, Melle Ricard de Monteils, Alidières, Cazelles et Miquel de Najac, Mme Borie, Corfdir-Roumagnac, Jean et Narbonne de St-André-de-Najac, Melle Garrigues et Jalfre de Bor-et-Bar, outre les Trézières il y avait encore trois frères Delcausse et leur neveu Rossignol et Gayrard de La Fouillade, Mme Chaix-Loupias, Couronne, Duval, Jean Moly et Paul Moly de Lunac.

Nos compatriotes étaient mal préparés pour s'installer en Afrique du Nord où ils étaient mêlés à un monde qui leur était étranger avec "ses castes, ses clans, ses races, ses langues, ses religions. Arabes, Juifs, Maltais, Italiens, Français de toute origine... autant de groupes ethniques étrangers les uns aux autres, une vraie tour de Babel."

Tous ces Aveyronnais exercèrent leur profession : 36 % d'entre eux  furent fonctionnaires (14 % dans l'enseignement, 7 % dans les finances, 5 % dans la police ou les PTT...), 13 % travaillèrent dans l'agriculture, 12 % dans l'armée, 9 % dans le commerce, 8 % dans les chemins de fer et le reste dans l'industrie, le clergé (6 %), etc.

Puis l'auteur revient dans son article sur la situation de l'Aveyron et des Aveyronnais au début du vingtième siècle. Il décrit, semble-t-il, avec une certaine jubilation, le tempérament de ces populations expatriées en fonction de leurs territoires d'origine, en ces termes :

"L'Aveyron était un monde à part - comme toutes les provinces reculées - avec ses nuances infinies, ses dialectes et leurs variantes, ses moeurs très diverses, ses contes, ses légendes, ses proverbes, ses maximes, ses chants, ses danses, ses jeux, tout son folklore enfin, qui lui donnaient une personnalité à nulle autre semblable.

Le Bas-Ségala en est un bel exemple. Sur quatre lieues, du Viaur à la chapelle de Rieupeyroux, se succédaient des hommes très différents.

Dans la vallée, autour de Bar, le gens de la vigne, fiers de leurs crus et volontiers hâbleurs, avec dans leur langage des tournures originales.

Parallèlement sur l'Aveyron, Najac était un mode fermé qui ne pouvait se comparer à nul autre.

Sur le plateau, autour de La Fouillade, de Lunac, de Saint-Salvadou, de Vabre : les cultivateurs, plus réservés, moins expansifs, estiment peu la faconde de leurs voisins.

Enfin, à Rieupeyroux, des hommes plus sévères, plus froids, au parler plus rugueux."

Les originaires du canton de Najac se distinguèrent en 1924, année qui vit Melle Trézières de La Fouillade et M. Coursières de Sanvensa, être reçus avec le numéro 1 au concours d'entrée aux Ecoles normales.

La vie des Aveyronnais s'organisait autour d'amicales mais dès le début des années 1950 la situation commençait à se dégrader, "la Tunisie vacillait sur ses bases". Les Français, pour la plupart et à commencer par les fonctionnaires, regagnèrent alors leur pays d'origine.

"C'était la fin d'une époque, la disparition d'une société bigarrée mais dynamique, qui avait transformé la Tunisie en pays moderne..." à laquelle prirent part de nombreux compatriotes de notre canton dont le souvenir est évoqué dans ces lignes publiées voilà près d'un demi siècle dans par "La Revue du Rouergue"... qui méritaient bien ce petit rappel historique ! 

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